La Faiseuse de magies

N° : 19, le 04 04 2006

J’ai beau scruter chacun de ses replis, chacun de ses creux et de ses contours, elle reste pour moi sous le sceau d’un mystère opaque. J’ai voulu décompter les gorges innombrables qui découpent son dos en mille plateaux lisses. En vain. Je ne parviens plus même à rêver prés chèvres et chaumières dans les vallées qui la parcourent. Elle est bien trop antique. Tout y est sec et aride. Elle est fragile, comme une feuille sèche. J’ai vu déjà ses monts craqueler et la souffrance sourdre du fond des crevasses incarnat. Je l’ai vue déjà, sous les plaines translucides, passer au violet, au bleu, de froide, devenir glacée. J’ai vu sous les flots le tendre creux de la vallée d’en dessous mollir, blanchir, perdre peaux et peaux, sécher à nouveau, craqueler, et saigner.

Je ne la comprends pas. Et pourtant, c’est bien elle qui supporte le fer bifide et doré d’où s’écoule le sang bleu de mes veines réelles. C’est elle qui désigne sur le désert blanc l’espace de chaos où la danse du graal m’ordonne et me dépose, étonné.

Et j’enroule ma révérence autour de sa danse glissée.




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