Immaculée contre un mur

N° : 9, le 04 04 2006

INTRO : Dans la même veine débilitante religieuse que La Main mariale. On aura noté le titre, qui est ma fierté, et qui aurait fait jouir Les Grosses Têtes réunies si elles n'étaient pas mortes. a moins qu'elles ne soient pas mortes, mais on s'en tape.

Le narrateur, qu'on se le dise, est un ange. L'archange Gabriel. On m'a dit souvent que ne pas le savoir gâchait le début. Eh ben vous le savez, maintenant. Bande d'assistés.





Assis au pied d’un chêne noueux et sans âge (forcément), je m’occupe en contemplant l’éternelle fixité de la Vérité, et en tentant de reconnaître des bergers, des agneaux et des pélicans dans les nuages qui s’élèvent. Notre bon Seigneur est en guerre contre le Royaume voisin. Les copains ont été réquisitionnés en masse pour les besoins de son armée, et les joyeuses farandoles sur des mélodies de trompette ne sont plus qu’un vieux souvenir, par ici. Les stratégies de notre Seigneur sont probablement trop lumineuses pour les pauvres yeux de mon esprit : nous, les chefs, nous avons été laissés à l’arrière, dans l’ennui le plus parfait (forcément). Mais on ne discute pas un ordre de notre Seigneur. Les grassouillets soldats, les sous-fifres, eux, armés de leurs arcs et de leurs trompettes, sont partis lutter fièrement ; mais nous, nous les grands, les forts et les nobles, nous avons à rester cachés, jusqu’au dernier jour. « En vérité je vous le dis, la guerre là-bas est chose de peu », avait dit notre Seigneur. Moi, je veux bien (forcément). Mais qu’est-ce qu’on se fait chier, ici. Des siècles des siècles que le combat piétine. Mais notre Seigneur prépare une offensive, dit-on.

Alors que je vague d’arbre en arbre, les pieds dans l’herbe verdoyante, je vois les autres réunis devant le plus grand fruitier, un lourd fût couronné par une frondaison immense. Ils portent tous l’ample uniforme blanc de rigueur, et les manches vastes où ils cachent leurs bras croisés, même par cette chaleur exquise (forcément). Une vieille légende - à la limite de la sédition, d’ailleurs - sur certains stigmates aux mains qui marqueraient un jour le début de la fin, sur la chair (ou la chair de la chair, selon les versions) de l’un d’entre nous. Jamais bien saisi. Mais je fais comme eux. La mode, c’est la mode, et ici, on tient aux apparences.

Au centre du groupe, un emplumé de cavalier exprime avec véhémence son mécontentement. Je ne l’écoute pas, je sais bien de quoi il retourne. Les cavaliers sont les pires feignasses qui soient, et jamais ils n’accepteront d’ôter le picotin à leurs montures. Pas avant le dernier jour du combat, du moins. Et donc, et donc, forcément, qui va-t-on envoyer travailler pour préparer l’offensive, je vous le donne en mille : l’ami Gabriel. L’emplumé à cheval me désigne de la manche, et je sais que mon sort est scellé. Je suis un pauvre rêveur, contemplatif et renfermé, et on me croit à demi idiot. Même ici je suis un exclu. On n’a guère besoin de moi, je ne manquerai à personne. Je suis donc l’émissaire parfait.

Les six collègues de la cavalerie approuvent un tel choix, et je n’ai plus qu’à accepter la décision collective. Je suis donc chargé d’aller... D’aller quoi ?!? Euh... Je suis chargé d’aller péter sa gueule au Prince d’en face. D’accord. Bien. Offensive frontale, en Vérité, avait dit notre Seigneur. Bon. C’était la survie même de notre petite communauté qui était en jeu, paraît-il. Soit. Personnellement je doute bien du succès d’une telle entreprise, eu égard notamment à la proportion des forces en présence, mais soit. La parole de notre Seigneur est Loi. Et puis après tout, ça va faire de l’action.

Je pars sur-le-champ. Je n’ai rien à emporter, grâce à Dieu.

La lumière décroît peu à peu. Je m'enfonce dans l’ombre, les yeux tournés vers le sol, les poings serrés dans mes manches. Mon expédition sera nocturne, je ne tiens pas à me faire remarquer et à perdre du temps en petites actions ponctuelles. La mission avant tout. En ces temps difficiles on entend parler de lépreux, d’amputés, d’aveugles, de morts même, qui chaque jour quémandent aide et support, et bien sûr c’est toujours pour nos pommes (hahaha). Je suis donc la ligne la plus courte vers mon but.

Une fois arrivé, bien loin du feu de chez nous, ici-bas, la pénombre ne me laisse que deviner les formes des arbustes les plus proches. Les branches nues se découpent à peine sur le fond pâle du sable du désert. Le silence est total, et j’ai l’impression d’être entré dans un autre monde. Je me laisse pénétrer par cette impression sinistre. J’ai pris la route pour les Enfers, et manifestement, le spectacle commence. J’arpente une route escarpée, entre les rochers, semée de cailloux tranchants (et de bonnes intentions, ouahaha) qui ne rendent ma démarche en rien plus laborieuse — ça n’est pas comme si je n’avais pas les moyens de survoler ces obstacles... Ce serait de l’eau que le résultat serait le même. Il en faudra plus pour m’arrêter.

Peu à peu, mon oreille se fait au silence, et je sens maintenant la forêt de rocs emplie de bruissements furtifs, de chuchotis et de plaintes étouffées. Les ombres se précisent autour de moi, c’est comme un même décor répété à l’infini. Rocaille, buisson, rocaille, buisson. J’écoute le murmure de l’obscurité. J’ai l’impression désagréable que mille spectres marchent avec moi, et malheureusement, c’est tout à fait possible, étant données les circonstances. Ne se découpent de l’obscurité que des contours que je ne parviens pas à identifier, et je ne perçois aucun signe de vie. Mais je sens les présences diffuses, insaisissables, autour de moi, comme un souffle froid et brûlant à la fois, soufré, multiple, exhalé par mille gorges invisibles. Si j’en avais, je crois que j’aurais les boules. Mais là (forcément), ça va. Je suis juste très contrarié.

Je m’arrête un instant et je tourne sur moi-même, en tentant de dissiper cette illusion qui prend trop de consistance à mon goût, mais je ne vois que la masse noire d’un paysage figé. Je décide d’allumer un buisson pour m’éclairer, et j’observe : rien. Le désert, des collines. Je me remets en route, non sans avoir piétiné le feu (ordre de notre Seigneur : il paraît que ça peut causer des soucis collatéraux, un feu de buisson oublié).

Après quelques virages dans les rochers, j’arrive à l’entrée d’un rassemblement de cahutes misérables. Des murs lépreux, des toits crevés, un chat noir qui traverse la voie en criant. Charmante bourgade pleine d’avenir. Je m’avance entre les premières baraques, et là plaouf, première surprise de la nuit. Je mets le pied droit dans une flaque, dont l’eau croupie et glacée me scie les chevilles ! Le pied dans l’eau... Je ne flotte plus ? Voilà qui est fâcheux. C’est signe que j’ai passé la frontière entre les mondes. J’ai pénétré dans celui dont on ne revient que difficilement (seul notre Seigneur en décide). Autant dire que je suis proche du lieu de ma mission ; bien plus qu’à mi-chemin. Voilà par contre qui est une bonne nouvelle. Et j’aime les bonnes nouvelles (forcément).

J'aperçois soudain une silhouette furtive entre deux murs blanchis à la chaux. Je m'arrête et je retiens ma respiration. Ca n’a duré qu’une seconde, mais je suis bien sûr de ce que j’ai vu. Je me retourne, et à chaque regard, il me semble qu'une forme indéfinie se déplace furtivement, chaque instant plus près de moi. Cela n’a plus rien d’une illusion créée par mon esprit trop imaginatif. Ils sont là, cachés dans les demi-ruines du village miteux, partout autour de moi. Non, mes sens ne me trompent pas. Pas moi. Je serre fermement la tige de la fleur de lys que notre Seigneur a tenu à me faire emporter (allez savoir pourquoi ; la raison m’est passée au-dessus de l’auréole -forcément-), et je me remets à avancer. Quel que soit le danger qui me guette, je dois aller de l’avant. Même si, manifestement, je suis à présent vulnérable.

Tout à coup, comme par miracle (tu sais jamais trop, avec notre Seigneur), le ciel nocturne se dégage et la lune apparaît ; et une longue plainte presque animale s’élève, reprise après quelques secondes par plusieurs voix. Les démons ! Je suis cerné par les démons, ils ont entrepris une chasse à l’ange ! Je me mets à courir sans retenue, en zigzaguant entre les maisons. Autour de moi, derrière l’écran des murs moisis, les démons suivent ma course ; j’entends les branches sèches se briser sous le poids des bêtes, leurs grondements et les claquements des mâchoires hostiles.

Après quelques minutes, hors d’haleine, je m’arrête. Il faut se rendre à l’évidence, les démons se contentent d’accompagner ma route, sans jamais l’interrompre. Ils n’ont pas l’intention de m’attaquer : ils m’observent depuis les toits, ou de loin, du coin des baraques. Qu’est-ce que cela signifie ? A-t-on jamais entendu parler de voyageurs cernés par les émissaires du Malin qui aient été épargnés, et ni dévorés, ni rendus fous ? Mais que veulent-ils !

Un démon énorme et gluant, aux yeux pleins de chassie purulente, sort de derrière un tas de bois, et avance jusqu’à moi. Je le laisse faire, paralysé par la peur. Il s’assoit à mes pieds, les renifle, et gronde doucement. Ses babines retroussées découvrent des problèmes dentaires majeurs. On n’a pas ça chez nous. Dieu merci (forcément). Une autre créature sort de derrière les maisons, puis deux autres encore, et ils se postent tous autour de moi en ronronnant. Je m’apprête à tenter un coup de fleur de lys sur le crâne de l’un d’eux, et à défendre chèrement ma vie avec les moyens du bord, mais le premier démon me devance et saisit doucement un pan de ma large cape entre ses mâchoires répugnantes. Je crie d’abord, il va ruiner ma robe ! Mais il n’en a cure, le bougre, et il se met à me tirer délicatement vers les maisonnées les plus misérables, et je le laisse faire, désormais impuissant, avec mes forces déchues et mes pouvoirs perdus. Les autres nous servent d’escorte. J’entre à la suite de mon guide dans le dédale des ruelles, tachant mon vêtement contre le bois verruqueux des portes, la ferraille des grilles aux fenêtres, et la crasse des murs.

Après quelque temps à errer dans des labyrinthes obscurs, nous débouchons sur une place étroite et encerclée de murs aveugles. Le démon lâcher ma cape et s’assoit. Les autres, à sa semblance, refusent d’avancer plus avant. Je suis donc arrivé à destination ? Mais quelle est-elle ? Y a rien ici !

Le centre de la clairière est occupé par un haut puits de pierre brute. Je m’approche. Rien à voir, rien à faire. Je me penche : au fond du puits, un rond d’eau qui reflète la lumière blafarde de la pleine lune. Moi qui croyais naïvement pouvoir trouver là une porte des Enfers. Je fais le tour de la place ronde ; cinq ruelles équidistantes, et des chemins entre elles, au sol, qui forment une étoile. Rien que de très normal. Je m’appuie sur un mur de la main gauche, je porte ma main droite à mon menton lisse et blanc, que je caresse pensivement, tout en laissant un subtil déhanché souligner ma sveltesse. Et j’attends. Il va bien finir par se passer quelque chose.

Et voilà. Un bruit de pas étouffés. La Bête ? La plante de Satan semblerait bien tendre et légère, j’en doute. Un émissaire à ma mesure, enfin ? Non ! Une femme ! Une simple jeune femme vêtue de blanc, qui porte un lourd seau doublé de cuir. Ses longs cheveux blonds rayonnent d’une sorte d’aura lumineuse, son visage est doux. Ses pieds nus sont couverts de poussière ocre, sans qu’elle en semble incommodée.

Je reste immobile, et j’observe la donzelle qui

mais... « donzelle » ? Mais qu’est-ce que c’est que ce vocabulaire ? Qu’est-ce que je dis, moi ? Mais qu’est-ce q

AAAAAAAAH

MALEFICE !

Ma robe se meut d’elle-même ! Je... Je...

Mais je bande !

Alors donc j’ai une bite, à présent. Bien. Ma métamorphose prend des proportions considérables. Elle n’est d’ailleurs pas la seule. L’influence du Malin est grande. Bien. Bien bien. La femme dépasse le puits et s’approche de moi. Bien. Je me penche légèrement en avant pour diminuer la bosse qui pousse sur l’avant de ma robe.

- hrm. Bonjour jeune femme, en vérité je te salue. Que notre Seigneur te protège !
- La paix sur toi, jeune voyageur. Bienvenue dans le trou du cul de la Galilée.
- Ainsi donc je serais au bout du monde, aux portes de l’Enfer ? C’est là que je vais.
- Au bout du monde tu n’es point, mon ami, tu n’es qu’à Nazareth.
- Est-ce… que je rêve ? Est-ce que tout ceci n’est qu’illusion ?
- Quoi ?

Je n’entends rien à ce discours et à ces noms obscurs (et sans postérité, à n’en point douter) ; mais je me laisse bercer par le rythme lancinant et charmant de la voix. Je me laisse aller à une douce langueur et ma fleur de lys tombe à mes pieds, sans que je cherche à la retenir.

La créature lève les yeux au ciel, pose son épaule contre le mur, et murmure d’une voix presque rauque, en jouant avec sa chevelure parfumée :
- L’entends-tu ? Entends-tu comme moi le silence de la nuit, troublé par aucune voix ? Nous sommes bien peu à Nazareth, et tous dorment. Joseph, mon promis, dort aussi. Il dort bien souvent, si tu savais... *gros soupir manifeste*

Je ne sais que répondre, je ne perçois rien d’autre que le vent dans les rues, mais je m’imprègne par contre de la vision de cette épaule divine, de ces courbes pleines de grâce, de ces hanches bénies entre toutes les hanches, et je souffre ce que souffrent les hommes devant ce qui a été un steak d’Adam, mais a bien changé depuis.

- Oui, je sais que tu l’entends, je le vois. Il nous enjoint de renouveler le serment de la Terre ! Il nous faut nous conformer à cet édit, il faut nous unir ! Il nous appartient d’être ceux par qui la Nature renaît !

Que... ? Que signifie ? Elle a porté ses yeux sur ma robe honteuse, elle a laissé choir son seau, elle s’approche, je, je, Seigneur, viens-moi en aide, je ne sais plus que faire. Son ton s’est chargé d’une sorte de douce frénésie, et elle s’approche, les yeux fous. Je ne puis bouger et je la laissai s’avancer jusqu’à moi, pétrifié.

- Sais-tu bien ce que cela signifie ? Le sais-tu ? Es-tu conscient du grand Mystère de la Vie ? Tu n’es pas vierge, tout de même, jeune étranger, pour rester ainsi immobile ?

Elle ne me laisse pas le temps de répondre, déjà ses mains fines passent sous la cape blanche. Je veux l’empêcher d’aller plus avant, par pudeur, mais je ne puis bouger. Je sens ses doigts buter et s’arrêter sur les stigmates palpables de mon humanisation. Je n’ai plus rien d’un ange. Elle me force doucement à abandonner mes manches dans lesquelles je tentais de cacher mes mains en sueur (merde, je sue !) et dégage mes épaules de la toile salie et déchirée ; et la vision de mon membre ne la fait point reculer ni même trembler, bien au contraire, bien au contraire.

- C’est un acte millénaire que nous nous préparons à accomplir, non pas un simple accouplement bestial, mais l’union de deux principes fondateurs. Oh ! Je suis bien aise que tu aies pu parvenir jusqu’ici sans trébucher !

Elle dit vraiment n’importe quoi, mais alors qu’est-ce qu’elle masse bien. Mon vêtement a glissé à nos pieds, et elle s’adosse au mur, me tenant par le gland, face à elle. Tout autour de la place, les démons hurlent à la lune, et s’avancent pas à pas jusqu’à nous. Je les imagine déjà se jeter sur nous et se repaître de nos corps offerts, festin de sang répandu et de chair ouverte, mais ils n’en font rien. Ils font ce que ferait tout démon en une telle situation, ils se masturbent frénétiquement en nous regardant. Ils sont maintenant si proches de nous que je sens leur souffle chaud dans mon dos et sur mon visage.

Les mains et les lèvres de la jeune femme sont partout sur mon corps tendu et nerveux, explorant chaque parcelle de ma peau douce et nacrée, adoucissant ma terreur de puceau, peu à peu, et me couvrant du miel délicat de sa salive. Je me sens emporté dans un tourbillon d’émotion. Elle se relève et me guide en elle. Nous nous étreignons sans violence, sans douleur ni cri, et jusqu’au dernier gémissement c’est un enchantement de tous mes sens.

Alors que le feu s’éteint doucement en moi, les démons, satisfaits et repus de jouissance, s’allongent lentement dans la poussière et expirent sans autre forme de lutte, tous en même temps.

- Ton nom, bel étranger, que je le grave en ma mémoire ?
- Gabriel, belle jeune femme qui m’a enseigné la chair. Et toi ?
- Marie, répond-t-elle dans un sourire moqueur, comme si elle énonçait une évidence.

Cette étrange nuit a passé. J’émerge d’un sommeil paisible et ma compagne a disparu, tout comme les corps des démons. Je suis en robe de lumière, couché en boule. Mes yeux s’ouvrent sur un ciel bleu sans nuages. Nazareth a disparu aussi, je repose sur un tapis d’herbe et de joncs vivaces. Au bout des branches des arbres, des bourgeons sont en train de naître, enveloppant les arbres d’une verdure humide et frémissante. Je vois aussi une pomme : l’Arbre de Vie ! Je suis de retour à la maison !

Je me lève et c’est une sensation délicieuse, sans égale, qui m’envahit. L’air frais revigore mon corps parfait. Je lève ma robe, plein d’appréhension : devant mes yeux, la peau est saine, lisse et blanche ! Pas même un poil ! Pris d’euphorie, je palpe mon corps, mon ventre, mes épaules, mon visage : toutes marques immondes de l’humanité en ont disparu. Je suis guéri ! Guéri ! Dieu m’a ramené au bercail, avant même que ma mission s’achève. Guéri ! Guéri !

Une voix tonnante, reconnaissable entre toutes, la voix du Seigneur, éclate soudain à mes oreilles.

- Gabriel, viens un peu par là, je te prie.
- Oh, Seigneur, toi me prier, c’est abuser, haha.
- Gabriel, en vérité je te le dis, on n’est pas aux Grosses Têtes, là.
- Aux quoi ?
- Laisse, car seul Je sais ce qui dans l’avenir adviendra, tu peux pas comprendre, et peut-être que ça vaut mieux, là, d’ailleurs y a pas de hasard en ce Mien monde. Bref. J’ai une mission pour toi. La dernière fois, le Malin t’a circonvenu et mené dans ses rets. Tu devais le supprimer, mais tu n’as pu le faire, pris par le péché de la chair comme tu l’as été.
- Je suis désolé, Seigneur.
- Je te pardonne, Gabriel. Car tu sais que toujours je pardonne. Par ailleurs Nos agents ont pu détourner l’affaire à Notre avantage. La femme que tu as engrossée...
- Engrossée ?!?
- Oui enfin bon étant donné que les effets du maléfice se sont tous estompés d’un coup après ton retour, médicalement, elle a recouvré sa virginité. Haha. Donc nous sommes les seuls à savoir sa grossesse, ce qui nous confère un avantage certain. Car celui qui naîtra, j’en ferai mon fils, Gabriel, mon fils, mon bras, mon arme, et j’aime autant te dire que ça va dézinguer sévère. Le Malin se prélasse dans sa fausse victoire, ben il va morfler, l’enculé. MAIS j’ai besoin de toi pour compléter ma stratégie.
- Je suis ton archange et ton serviteur, ô Seigneur.
- Une autre femme sur terre attend ta visite et que tu l’emplisse du euh, du Saint Esprit, nous appellerons cela ainsi. Elle doit enfanter le prophète qui annoncera aux hommes la venue du sauveur, le fils de Marie, et annoncer à cette dernière l’importance de sa tâche.
- Recommencer comme avec Marie ? Alors là Seigneur, je suis ton ange !
- Ta cible s’appelle Elisabeth, future mère de Jean le Baptiste. Tu la trouveras dans les montagnes de la rocailleuse Judée.
- Pas de problème ! Toujours prêt ! Youkaïdiiiiii !
- Elle a quatre vingt ans.


On ne discute pas les ordres de notre Seigneur. Mais il y a des jours où on comprend un peu pourquoi Satan a pu déchoir et démissionner.




Commentaires

Ecrit par : MILL

C'est excellent. Mais annoncer d'emblée, comme tu le fais, l'identité du narrateur n'amène rien. On devine assez vite qu'il s'agit de Gabriel, et quand bien même on ne comprendrait qu'à la fin, l'effet comique reste extrêmement efficace.


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